Du 15 au 19 juin 2011, l'association Champ Libre a organisé la 6ème édition du Festival des Architectures Vives de Montpellier. 11cours d'hôtels particuliers du centre historique de Montpellier ont été ouvertes au public. 11 équipes de jeunes concepteurs y proposaient des architectures contemporaines éphémères sur le thème de la "rencontre", révélant le patrimoine de ses monuments.
Dientre fait partie des 11 équipes lauréates et a installé ses "Ondes de choc" dans la cour Baudon de Mauny.
Faire entrer la ville, la vie dans la cour d’un hôtel particulier habituellement inaccessible, c’est y faire entrer l’usage et le bruit.
Le son est la production de la rencontre entre deux éléments.
Le projet propose donc une architecture sonore. Un orgue décomposé met en valeur l’espace monumental, patrimonial de la cour mais la rend accessible, la désacralise par l’éclatement des éléments qui constituent cet instrument et par son aspect participatif, interactif. La rencontre entre patrimoine et architecture contemporaine fait résonner l’espace, fait vibrer un lieu historique et offre aux visiteurs la possibilité de l’habiter un instant par le son.
En effet, l’installation est composée d’un ensemble de tubes de cuivre suspendus à une trame accrochée en hauteur aux façades, et qui provoquent des sons par leur rencontre quand ils s’entrechoquent. La multiplicité des longueurs et les diamètres variables des tuyaux permettent une diversité des effets produits.
La proposition se sert ainsi de la configuration spatiale de la cour, tire parti de son volume pour la transformer en caisse de résonance, milieu de propagation des vibrations et amplificateur des musiques produites par les habitants, les visiteurs qui en sont les déclencheurs. Le projet valorise alors l’espace fermé de la cour, au sens spatial, mais ironise également sur l’habituelle inaccessibilité de ce lieu privé puisque le visiteur sonne l’architecture pour y pénétrer, signale sa présence.
Le son est induit par le choc de deux tubes mais c’est bien la rencontre entre les trois entités cour/installation/visiteur qui crée le dispositif sonore complexe.
Le projet porte une attention particulière à l’usage, à son appropriation. Les passants deviennent acteurs, joueurs de cette architecture interactive. L’installation se « met en fonctionnement » quand il y a de la vie dans la cour, elle questionne le sens d’un espace sans pratique. C’est ici l’homme, l’habité qui donnent corps, consistance à l’architecture.
La production d’un effet sonore est couplé d’un effet visuel. L’instrument dessine un paysage dans la cour et les tubes sont disposés de manière à constituer des situations, marquer l’entrée, mettre en valeur certains détails de l’architecture de l’hôtel particulier. Ils sont ainsi plus ou moins serrés pour dégager des vues, obliger le visiteur à les entrechoquer pour pouvoir progresser, évoluer dans la cour. L'élancement des tubes met en valeur la hauteur de la cour. La brillance du cuivre capte la lumière, distribue les reflets et révèle les nuances ocre des murs et du sol. Le projet, plus qu’un objet, cherche à constituer un skyline, un véritable paysage dans la cour réintroduisant de l’urbanité dans ce lieu généralement clos.
L’architecture ainsi créée est multi sensorielle. L’installation propose la rencontre entre la vue, l’ouïe et le toucher. La cour est ainsi accessible à tous les publics (mal voyants) qui peuvent ressentir l’architecture. Le projet, plus qu’un simple objet, constitue un véritable paysage visuel et musical quand le visiteur ou l’habitant le touche. Le temps du festival, la cour s’emplit de musique et se met à vibrer.